RÉSUMÉ DU TREK
Parcours : Maison du Valier → Saint-Lary-Soulan
Durée : 6,5 jours
Distance et dénivelé (total) : 116 km / 11 200 m D+ / 11 100 m D-
Distance et dénivelé (moyenne par jour) : 18 km / 1700 m D+ / 1700 m D-

Notre traversée des Pyrénées continue. On ne procrastine pas avec les pieds pour aller arpenter les reliefs montagneux, avec la régularité d'un métronome estival, mais en revanche les récits de ces aventures tardent à apparaître ici et s'entassent dans des listes intimidantes de billets à mettre en forme... Suite du périple de 2020 qui nous avait laissés à la Maison du Valier (lien vers le billet). C'était donc à l'été 2022 que notre covoitureuse préférée nous avait déposés au même endroit, profitant d'un dernier repas digne de ce nom à cette occasion. Deux ans et demi de décalage entre le trek et le compte-rendu sur Je m'attarde : une première. Aussi, on excusera la concision de ce préambule reposant sur des notes antédiluviennes et des souvenirs de plus en plus insaisissables...

Cette fois-ci, on complètera avec brio les objectifs : quitter les sentiers du GR 10 pour profiter des régions non-balisées, arriver à Saint-Lary pour rentrer en train, et aller chatouiller le sommet de quelques 3000. Surtout, se faire plaisir, préparer au maximum du minimum, et laisser grande ouverte la porte aux opportunités qui se présentent inlassablement en route, au gré des rencontres et des intuitions. On se souviendra longtemps d'un lever de soleil au sommet du Maubermé gravi de nuit à la frontale, les montées semi-alpi au Maupas et au Perdiguère avec les orages qui nous sont tombés dessus tout juste arrivés en haut. Les nombreuses fois où la navigation fut compliquée, dans des pierriers, dans des régions rocailleuses sans visibilité. La nuit orageuse en-dessous du Maupas. L'attaque des tiques par centaines dans le Cirque de la Glère. La profusion de mines à l'abandon autour de la frontière, à l'est de Luchon. La difficulté notable pour trouver des cours d'eau dans de nombreuses régions complètement asséchées.

N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les afficher en plein écran et les faire défiler.


INFORMATIONS DIVERSES

Le tracé en 3D du trek à deux échelles différentes, avec une couleur par jour.
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Le dénivelé de la randonnée jour après jour.
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Et la version juxtaposée — un peu à l'arrache, je le concède, mais on voit l'idée générale... — avec des indicateurs de lieux.
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JOUR 0
0.1 km / 0 m D+ / 1 m D-
Maison du Valier → Maison du Valier

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On s'en souvient encore, de cette maison du Valier, sur laquelle on avait atterri il y a deux ans, lors de la partie ariégeoise de notre traversée des Pyrénées (racontée ici) terminée un peu précocement. Grâce à notre covoitureuse, on repart exactement de là où on s'était arrêtés. Ça y est, on est de retour pour ce qui ressemble à une revanche douce, prêts à remonter sur les cimes pyrénéennes. Ce sera notre nuit la plus basse, la plus chaude, et la plus proche d'autres êtres humains.

JOUR 1
23 km / 2900 m D+ / 1400 m D-
Maison du Valier → Tuc du coucou → Port d'Orle → Pic de l'Homme → Port d'Urets → en-dessous du Pic de Maubermé

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Pour commencer, on s'élève d'un petit millier de mètres pour retrouver les traces que l'on avait laissées en 2020, dans une pente enherbée — accessoirement beaucoup moins brumeuse que lors de notre dernier passage, en descendant, où l'on y voyait pas à 5 mètres. j1_3-1.jpg, 2025/01/31
Première vue sur la crête frontalière, avec le petit creux dans la roche formé par le Port d'Orle où l'on passera, après être redescendu au fond de la vallée.
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Tout en bas, on rejoint la forêt domaniale de Bonac après avoir traversé un chemin forestier passant par d'anciennes mines, avant de remonter en escaladant au-dessus du Pic de l'Homme Mort (on n'a pas eu l'histoire derrière cette dénomination).
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De l'autre côté de la frontière, on voit d'autres mines abandonnées, des ruisseaux d'eau ferrugineuse, et beaucoup de brouillard avant d'accéder au Pic de l'Homme (vivant, celui-ci, vraisemblablement). On aperçoit les premiers isards du trek.
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En montant au Pic de l'Homme, une vue magnifique sur le Lac de Montoliu et le Tuc du même nom.
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Redescente sur le Port d'Urets, avec son joli abri en pierre, mais on bivouaquera plus loin pour accéder à l'eau (stagnante) d'un petit étang. Heureusement que les filtres sont là, car le point d'eau est constellé de bouses de vache. On est juste en-dessous du Pic de Maubermé.

JOUR 2
21 km / 1200 m D+ / 2400 m D-
En-dessous du Pic de Maubermé → Pic de Maubermé → Estang Long de Liat → Lac deth Potz → Sant Joan de Toran → Bossost → Col du Portillon

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À la frontale, on gravit le Pic de Maubermé à partir de 5h30, avant le lever de soleil, avec seulement le petit-déjeuner dans les poches. L'obscurité nous fait rater la voie facile... pas grave, ce sera pour la redescente. L'apparition des couleurs du matin sur les hauteurs, sur l'Aneto rosé au loin, fait transiter du bleu au rouge. On savoure dans le silence le plus total.
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On se croirait sur Mars.
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Les dernières couleurs de la nuit s'éteignent, et les premiers rayons du soleil détourent une forêt de pics. L'ombre du Maubermé se projette à des dizaines de kilomètres en direction de l'ouest. Il faut bien redescendre à un moment...
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Même cadre que la photo d'hier soir. C'est déjà un peu plus chaleureux comme coin pour dormir !
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La suite de l'itinéraire reste côté espagnol, en passant par cet étang (Estang Long de Liat) particulièrement apprécié par les bovidés. Sur la gauche de la photo, la région des mines de Liat. On se perdra un peu en dehors des sentiers autour du Tuc des Crabes, en sautant de rivière asséchée et ruisseau disparu, avant de tomber sur le Lac deth Potz pour se rafraîchir. C'était un été marqué par la sécheresse, et elle s'est beaucoup ressentie dans cette région des Pyrénées, avec de nombreux points d'eau à sec.
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Ce sera le dernier coin sauvage de la journée. On fait le plein d'eau et de beaux paysages, puis on redescend dans la vallée, en direction de Sant Joan de Toran, où deux stops nous conduiront à Pontaut puis à Bossost, sous le soleil de plomb du mois d'août. On en profite pour acheter des fruits ! Une troisième conductrice nous conduira au col du Portillon, nous évitant pas mal de kilomètres sur routes goudronnées. L'absence de photos pour ce long passage est un bon indicateur de l'attrait des lieux que l'on a traversés cette après-midi-là.

JOUR 3
16 km / 1400 m D+ / 1100 m D-
Col du Portillon → Col de Barège → Hospice de France → Cirque de la Glère

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Dans l'idée, on voulait s'offrir une petit journée de repos relatif en ce troisième jour de rando, afin de repartir de plus belle le lendemain et, surtout, profiter de cette belle région au sud de Bagnères-de-Luchon. Les premières suées matinales nous ont permis d'atteindre le Col de Barège après avoir sillonné dans les bois frontaliers. Les troupeaux paissent tranquillement là-haut, chevaux et vaches cohabitent face à ce panorama magique exhibant le Pic de la Sauvegarde, le Pic de la Mine, et entre les deux un bout de la chaîne appartenant à l'Aneto du côté espagnol. On aperçoit le Pic de la Maladeta sur la première photo. Sur la seconde, c'est le programme du lendemain qui se déroule sur les crêtes : on voit notamment le Pic de Maupas.
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La descente en direction d'Hospice de France est calme, sans surprise. En bas, on peut contempler cette magnifique vallée qui monte aux Boums de Vénasque (lien vers le billet de cette rando).
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En longeant ensuite le célèbre Chemin de l'Impératrice, on arrive déjà au point final de la journée, le Cirque de la Glère. On profite du temps libre ensoleillé qui nous est offert pour profiter du ruisseau du même nom : douche, lessive, etc.
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Et ce fut le drame. On pensait pouvoir se reposer, recharger les batteries, faire la sieste, bref, prendre du bon temps après avoir monté la tente. Mais la nature en décida autrement : ce petit coin plat d'herbe verte était en réalité un nid de tiques. Pas une, pas 10; pas 100 : des centaines de tiques. Je crois que je n'oublierai jamais cette vision de l'enfer, le pied et le bas de la jambe de Loup rempli de tiques minuscules qui remontaient en courant (bon, à la vitesse d'une tique, c'est-à-dire pas bien vite non plus). Fatalement, il y en avait partout, vêtements, tente, et tout ce qu'on peut imaginer. On a connu des après-midis plus reposantes que celle-ci, passée à se débarrasser de cette colonie d'acariens. C'était le point de départ d'une traque qui allait durer plusieurs jours, à vérifier régulièrement les plis, les coutures, et autres fosses poplitées. La nuit fut agitée par des cauchemars et diverses démangeaisons, fatalement...

JOUR 4
16 km / 2200 m D+ / 1300 m D-
Cirque de la Glère → Col de Sacroux → Col de Pinata → Lac Célinda → Lac Charles → Pic du Maupas → Refuge du Maupas

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Le soleil se lève sur la Glère. Le début de la fin du cauchemar, une tranquillité qui ferait presque oublier les orages et les vents violents de la nuit. La journée commence, comme souvent, par une grosse montée : direction le col de Sacroux, avant de parvenir au col de Pinata.
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Et là-haut, on enchaîne les panoramas délicieux. Un peu de hors-sentier depuis le col de Pinata nous permet d'accéder au premier lac, celui de Célinda. Eau turquoise, roches ocres, neige résistante, moraine grisonnante... Et les autres lacs suivent, Lac Charles, Lac Bleu, Lac Vert en contrebas.
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Imaginez la vue assis sur ce trône, face au précipice.
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Il nous reste du temps : direction le Pic du Maupas, après avoir glané quelques informations. On monte rapidement, quelques passages limite escalade, et la vue à 360° au sommet est incomparable, du haut de ses 3109 mètres. Pas de bol : un orage s'invite au goûter, nous contraignant à redescendre plus rapidement que prévu.
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Orage, pluie, brume... On voit très bien comment la soirée et la nuit vont se passer. Ça va être humide sous les duvets !

JOUR 5
11 km / 1400 m D+ / 1300 m D-
Refuge du Maupas → Cirque des Crabioules → Lac Glacé de Litérole → Pic Perdiguère → Lac du Portillon

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La nuit a été pénible et peu reposante, comme attendu. Les images au réveil apportent un peu de baume au cœur.
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Il va falloir s'engager là-dedans, 100% hors sentier. Le but est de sillonner dans ce pierrier du Cirque des Crabioules et d'en trouver le col, orienter nord-sud, qui nous conduria en Espagne. Ce fut une tâche très difficile, on aura tenté plusieurs voies avant d'accéder au bon col ! La zone ne croulait pas sous les kerns...
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Mais les vues de l'autre côté de la frontières sont époustouflantes. On voit le lac glacé de Litérole (qui n'est plus glacé, d'après sa couleur d'eau turquoise de glaciers), le lac blanc de Litérole (qui lui est bleu marine) en-dessous du Pic Perdiguère. Les couleurs sont surréalistes, le paysage monumental, on est cerné par les sommets granitiques impressionnants. On décide d'emprunter un chemin non-balisé pour accéder au prochain 3000 de notre trek, le long duquel on apercevra quelques isards très haut perchés.
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Nouveau panorama splendide en haut du Perdiguère, 3222 mètres, avec sa vue plongeante sur le Lac du Portillon. Même scénario que la veille : un orage se pointe juste au moment où on arrive au sommet, et nous oblige à ne pas trop tarder tout en haut. Dommage. Sous la bruine, on redscend du pic en direction du lac et du refuge du Portillon. On observe la nuit tomber au fond de la vallée.

JOUR 6
18 km / 1200 m D+ / 2400 m D-
Lac du Portillon→ Lac du Port d'Oô → Pic Gourdon → Lac de Caillauas → Pont du Prat → Loudenvielle

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Cette vue sur le Lac du Port d'Oô au petit matin ne se refuse pas.
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Le Col des Gourgs Blancs est en vue ! On traversera une région très rocailleuse, comme volcanique avec ses roches tranchantes, et on profite du passage au col pour faire l'aller-retour au Pic Gourdon (3034 mètres). Mes chaussures n'étaient pas d'accord : elles ont rendu l'âme sur le chemin, laissant la semelle droite béante. Heureusement que le plus technique est derrière nous : quelques tours de ruban adhésif entoilé (puis d'Elastoplast) à renouveler, et ça tiendra jusqu'à la fin, espérons.
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La vue en haut du Gourdon est... encore plus belle que celle du col. De manière générale, on est toujours récompensé de monter...
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On traverse une série de lacs tous plus magnifiques les uns que les autres, dans toutes les teintes de bleus et de verts qui contrastent admirablement avec les pierres rougeoyantes. On ne s'en lassera donc jamais !
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En arrivant au Lac de Caillauas, le symbole le plus vivace de la sécheresse du moment. Le lac est presque à sec, plusieurs dizaines de mètres séparent le niveau de l'eau et le barrage que l'on peut voir sur la seconde photo (il est immense, cela donne une idée de la taille du lac qui constitue une des principales ressources hydroélectriques de la région, dixit mon envoyée spéciale de l'Agence de l'eau).
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Les derniers temps de la descente ne sont pas des plus réussis, en direction de Pont du Prat, on se rapproche de la vie humaine, des voitures, du goudron... Une dépanneuse nous évite quelques kilomètres de goudron : banco. Et on finira aussi loin que possible de Loudenvielle pour s'éloigner du bruit de la civilisation. Vivent les boules de cire dans les oreilles ! P.S. : j'en peux plus du riff de Seven nation Army qui tourne en boucle pendant des heures...

JOUR 7 (½ journée)
11 km / 800 m D+ / 1000 m D-
Loudenvielle → Plateau de Val Louron → Azet → Saint-Lary-Soulan

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En suivant des sentiers boueux, on arrive au plateau de Val Louron : ce sera le dernier point de vue de la randonnée, avant de redescendre sur Saint-Lary en passant par plusieurs petits villages, dont Azet. Ma semelle flottante m'a accompagné jusqu'au bout, moyennant quelques glissades contrôlées dans la descente. La prochaine fois, dans deux ans (en 2024, donc, pour ceux qui ne suivraient pas les discontinuités temporelles !), on repartira exactement d'ici pour continuer cette traversée.
THE END.