L'année dernière c'était le TMB, le Tour du Mont Blanc (170 km, 15 000 m D+ : lien vers le billet), un trek de sept jours qui nous avait fait découvrir les environs du point culminant des Alpes sous toutes ses coutures, entre France, Italie et Suisse. La promenade de santé de cette année aura eu une saveur un peu particulière, le parfum d'un retour presque 10 ans en arrière : c'est sur la partie ariégeoise du GR 10 que l'on s'est embarqués, là où on l'avait laissé en 2011 en quelque sorte. En arrivant à Mérens-les-Vals, les souvenirs de la randonnée sur le GR 10 Oriental (200 km, 10 000 m D+ : lien vers le billet) ne tardent pas à refleurir : on poussera le vice jusqu'à refaire la même photo devant la gare, comme en témoignage le montage en toute fin de billet. La dernière fois, en arrivant à Mérens depuis Toulouse, on était partis à gauche, en direction de l'Est, pour rejoindre la Méditerranée à Banyuls-sur-Mer. Cette fois-ci, une décade plus tard, on part à droite, vers l'Ouest. Sensation étrange.

Pas grand-chose de différent au final, car au-delà de l'équipement qui s'est considérablement amélioré et allégé (si l'on omet les 1,8 kg du D7500 avec objectif polyvalent, sacoche et batterie de secours, petit caprice de randonneur et photographe amateur) et de l'expérience qui s'est aiguisée avec le temps et les treks, la passion pour les cols venteux et les sommets vertigineux est restée intacte. La volonté d'en découdre avec l'acide lactique dans les cuissots et avec les soupes lyophilisées fort peu gastronomiques, aussi. L'avantage de la région : lors du ravitaillement au sixième jour, à Aulus-les-Bains, on a pu faire le plein d'excellents fromages et charcuteries, de la bonne chère pour égayer nos repas du midi et les apéros frugaux du soir.

On ne se le cachait pas : rejoindre Bagnères-de-Luchon depuis Mérens-les-Vals en moins de 10 jours s'apparentait à une mission quasiment impossible. Le topo officiel, auquel on gratte en général 30% du temps de marche, annonce la distance vertigineuse de 335 kilomètres à parcourir en... 22 à 25 jours. Autrement dit, il faudrait marcher plus que deux fois plus vite que le randonneur moyen pour relier les deux gares ariégeoises. Mais tout de même, l'idée est semée et on y pensera pendant toute la randonnée : ce n'est pas tout à fait impossible.

On n'a pas toujours suivi le tracé officiel du GR 10, en évitant de redescendre dans la plaine autant que possible (et profiter ainsi au maximum de notre autonomie), et ce notamment à deux grandes occasions : 1°) dans la vallée de Vicdessos, une fois arrivés au barrage de l'Étang d'Izourd, plutôt que de redescendre dans la vallée pour rejoindre Marc par la plaine, on est passés par les Étangs et le Refuge Fourcat et redescendus par les Étangs du Picot en suivant un bout du GR T64, et 2°) une fois arrivés à la Cabane d'Aula, dans la forêt domaniale de Seix, plutôt que de contourner l'immense massif par les vallées de Bethmale et du Biros, on s'est lancés dans l'ascension des Monts Valier (petit et grand), en empruntant le sentier très peu connu qui amène au Col de Peyre Blanc. Des détours particulièrement physiques et techniques, il faut le préciser, mais avec des récompenses largement à la hauteur des efforts consentis.

Au final, le déroulement et l'ampleur du trek auront été largement conditionnés par les aléas météorologiques. Les épisodes de mauvais temps et de violentes tempêtes orageuses lors des premiers jours n'auront à aucun moment émaillé notre volonté ou notre ardeur — même si un orage digne du déluge en fin d'après-midi suivi d'une journée entière de brume saturée en humidité complique d'entrée de jeu la logistique en matière de vêtements de rechange... À l'inverse, il aura suffi de prévisions peu engageantes pour les jours à venir en fin de rando (rien d'aussi inquiétant que les orages du début, mais du mauvais temps qui garantissait trois derniers jours pénibles, sans possibilité de se nourrir des panoramas, plongés dans la pluie et les nuages) pour terminer notre périple de manière quelque peu précipitée, après 9 jours de marche. On ne faisait pas les fiers, un samedi midi à la Maison du Valier, à seulement 40 kilomètres de Luchon, attablés dehors sous la bruine. Mais on était quand même intensément rassérénés par les magnifiques images des jours passés qui irrigueront les 365 prochains, dans l'attente de la nouvelle longue randonnée.

Cette randonnée se sera échelonnée sur 9 jours, du vendredi 14 au samedi 22 Août, de midi à midi (soit 8 jours effectifs de marche). Au total, environ 200 km en distance et 16 800 m de dénivelé cumulé positif (D+) auront été avalés, soit une moyenne de 25 km et 2100 m de D+ / D- par jour. Cela ne vous parle sans doute pas, mais ces chiffres correspondent rigoureusement à ceux que l'on avait calculés pour le TMB. Si si, vous pouvez aller vérifier, je n'ai rien trafiqué. La régularité digne d'un métronome, c'est beau : ce doit être notre rythme de croisière. On a donc quitté les sentiers du GR 10 en se disant que si la météo avait été un peu moins capricieuse en haute montagne, on aurait pu arriver à Luchon pile-poil le lundi en fin de journée. L'amertume des demi-exploits nous envahit, avant de se rendre à l'évidence : ce n'est que partie remise. On tachera de ne pas attendre 10 années supplémentaires pour poursuivre notre traversée des Pyrénées !

N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les afficher en plein écran.


INFORMATIONS DIVERSES

Le tracé en 3D du trek à deux échelles différentes, avec une couleur par jour.
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Le dénivelé de la randonnée jour après jour.
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Et la version juxtaposée — un peu à l'arrache, je le concède, mais combien de personnes cliqueront sur cet aperçu pour aller vraiment regarder ça en détail, hein ?
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JOUR 1 (½ journée)
13 km / 1700 m D+ / 500 m D-
Mérens-les-Vals → Estagnol du Comte → Crête de la Lhasse → Étang Bleu → Col des Calmettes → Refuge du Rulhe

Arrivée à Mérens-les-Vals en bus à 11h30. Après un petit repas (peu mérité) ingurgité au bord d'un chemin à la fin du village, on se lance dans la montée à travers le Bois des Artigues pour arriver à l'Estagnol du Comte (l'Étang du même nom se situe à 10 minutes un peu au-dessus, à l'Ouest, à 1726 m), en remontant le fil du Ruisseau du Mourgouillou. Les célèbrissimes chevaux de Mérens pâturent là tranquillement, et un parking non loin font des plans d'eau des lieux modérément fréquentés.

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Il est temps de s'élever encore d'avantage, de regarder une dernière fois en arrière les étangs de Mérens, et de s'écarter des sentiers battus pour atteindre la Crête de la Lhasse (2435 m). De l'autre côté, sur le versant Nord, on aperçoit l'Étang Bleu local (il doit en exister des centaines en France...), logé en bas d'un immense pierrier.

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On croise la route d'un magnifique petit étang, tout juste cartographié, situé non loin des sources de Najar. Un randonneur chanceux a planté sa tente sur l'unique emplacement disponible des environs caillouteux, et profite des derniers rayons de soleil pour s'y baigner avec son chien. Encore quelques kilomètres pour nous.

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Après avoir franchi le col des Calmettes (2328 m), la vallée suivante s'ouvre devant nous, avec les Étangs de Fontargente au loin, et la chaîne montagneuse faisant office de frontière avec l'Andorre en arrière-plan. Pour cette première nuit après une demi-journée de marche, le bivouac se fera près du Refuge de Rulhe (2185 m), au creux d'un paysage qui nous donne déjà l'impression d'être perdus au fin fond de la montagne. Deux brebis veillent à ce que l'herbe soit correctement tondue dans les environs. La nuit sera très mouvementée, agrémentée d'un vent conséquent (en dépit de l'emplacement retenu, un peu à l'abri) faisant office de réveil régulier tout au long de la nuit. Mais on s'en fout, il fait beau, on est en forme, tout va bien. On est même contents de retrouver nos soupes lyophilisées de l'année dernière, c'est dire, avec en ultime bonus une part de tarte aux prunes, dernier vestige d'une gastronomie passée avec laquelle on ne renouera que 10 jours plus tard.

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JOUR 2
22 km / 1100 m D+ / 1900 m D-
Refuge du Rulhe → Col de Beil → Col de la Didorte → Plateau de Beille → Jasse d'Artaran → Coudènes

On n'a pas beaucoup dormi à cause du vent — et encore, une femme nous demandera gentiment au petit matin si on peut lui léguer notre emplacement, qui visiblement semblait plus abrité que le sien, chose que l'on fera avec d'autant plus de plaisir que l'on ne compte pas s'éterniser ici. Derniers regards sur le refuge encore à l'ombre à 8h (départ tardif ce matin !), il faudra attendre 8h30 et quelques kilomètres de marche pour pouvoir sentir la chaleur du soleil, dont les rayons parviennent enfin à se frayer un chemin dans la vallée sous nos pieds.

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La matinée se focalise essentiellement sur la Crête des Isards (sans qu'on n'en voie un seul), à l'abri du Pic de Belh (2386 m) et du Pic de Lauzate (2414 m), avant de rejoindre une intersection avec le GRP Tour de la Montagne d'Ax. De là, ce sera la dernière fois qu'on pouvait observer l'arrivée du télésiège du Rebenty de la station d'Ax 3 domaines.

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Un peu en contrebas, le plateau de pâturage près du Col de la Didorte. Plus loin encore, on aperçoit Prat Moll, un petit sommet à 1999 m du Plateau de Beille par lequel on passera d'ici un petit moment le long d'une piste forestière — l'été, ce sont les VTT qui envahissent le lieu, et le ski de fond (ou de rando, je sais plus trop, faudrait que Greg me rappelle la différence) l'hiver.

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Les vaches se reposent tranquillement sur le plateau. On passe ensuite par le village nordique Angaka, en passant près du chenil d'été où les chiens de traîneaux cherchent tant bien que mal des zones d'ombre, en attendant l'hiver. La descente vers Coudènes commencera à partir de la Jasse d'Artaran ("jas" est un terme occitan signifiant gîte et désignant les grandes bergeries construites en pierres sèches à l'écart des fermes et hameaux, au milieu des terres de dépaissance) et à travers le Bois de la Fajouse. Tout en bas, une petite clairière abrite la Cabane de Clarans (1050 m) : on pensait y trouver une source mais elle semble inexistante — heureusement, on dispose d'une pompe filtrante qui nous permet de disposer d'une grande autonomie en eau potable, tant les cours d'eau sont omniprésents dans cette région des Pyrénées. Dans une cabane un peu plus loin, cachée dans la forêt et accessible en suivant des bouts de rubalise de chantier, toujours pas d'eau mais des vivres de secours pour ceux qui sont dans le besoin.

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Une fois passé le pont et le parking de Coudènes, on entame la (re)montée assez rude dans le Bois de Calvière jusqu'à ce qu'un orage éclate : c'est dans l'urgence qu'on trouve un abri sommaire en sous-bois, grossièrement protégés sous une hêtraie, pour bivouaquer près d'un ruisseau — faisant office de douche, de lavabo et de robinet d'eau potable, cela va de soi. Très peu de répit entre les gouttes, très peu d'occasions de capturer les paysages.

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JOUR 3
20 km / 1900 m D+ / 1900 m D-
Coudènes → Col de Sirmont → Col du Sasc → Col de Gamel → Gestiès → Siguer → Lercoul → Col de Grail

La nuit a été rude. La tente a résisté au vent soutenu le premier soir et à la pluie conséquente le second : tout va bien. Décollage à 7h30 dans la pénombre matinale de la forêt, heureux que la pluie ait cessé pour nous laisser déjeuner en paix (à la différence du dîner de la veille). La matinée sera principalement animée par la brume et la végétation détrempée.

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De temps en temps, on se retrouve au creux d'une petite éclaircie, nous permettant d'étendre la visibilité à quelques centaines de mètres. La brume caresse la montagne et ses résineux au loin, et on voit même des petits coins de ciel bleu par moments. Mais c'est l'imagination qui travaillera en grande partie aujourd'hui dans cette purée de pois. Tous les cols traversés (Sirmont à 1693 m, Sasc à 1798 m, Gamel à 1389 m) n'y changeront rien : du gris, du gris, et encore du gris.

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Juste avant le Col du Sasc, on croise des chevaux perdus sur une crête, avant de découvrir derrière un énième rideau de brume la cabane des bergers — et accessoirement sculpteurs de belles cuillères en bois de buis.

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Le Pla (plateau) de Montcamp (1905 m), point culminant de la journée, ressemble au reste : de l'herbe et des roches égarées dans la grisaille. Juste de quoi deviner un chemin avec ses balises rouges et blanches.

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La fin de la journée se fera au travers des villages de Gestiès, Siguer (par lequel on était passés pour la randonnée de déconfinement aux Étangs de Peyregrand : lien vers le billet) et Lercoul, un trio de villages situés respectivement à 958, 743 et 1158 mètres d'altitude : on descend pour mieux remonter, comme souvent ! L'avantage étant qu'une fois passés sous la barre des 1200 m, dans cette vallée à 10 kilomètres au Sud de Tarascon-sur-Ariège, on profite l'espace de quelques heures d'une meilleure visibilité, en-dessous de la barrière nuageuse.

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Mais la marche du jour se terminera par une belle surprise, située au Col de Grail (1485 m) : la présence d'un refuge ONF qui ne figurait pas sur nos cartes. Des promeneurs de passage pour la nuit ont allumé un grand feu dehors, ce qui nous permettra de faire sécher toutes nos affaires encore mouillées depuis la veille (c'est-à-dire, ne l'oublions pas, quelques kilos en plus dans les sacs), de la tente aux chaussures en passant par les habits fraîchement lavés. Mieux encore : on nous invite à boire l'apéro, Muscat de Rivesaltes, chips, terrine, et même cornichons pour la portion de légume journalière. Il ne nous en faut pas plus pour oublier la journée quelque peu éprouvante qui vient de s'écouler.

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JOUR 4
22 km / 2700 m D+ / 1700 m D-
Col de Grail → Col de l'Esquérus → Station Goulier Neige → Coumasses Grandes → Étang d'Izourt → Étangs et Refuge Fourcat

Pour ce troisième réveil en montagne, on décide de se lever aux aurores, à 6h — ce qui représente tout de même 10 heures de sommeil théorique quand on se couche à 20h (après une journée éprouvante, on tombe comme des masses), sans compter les nombreux sursauts nocturnes presque systématiques causés par vents, pluies, et autres mugissements ou hennissements de la faune locale. L'occasion de contempler notre premier lever de soleil, qui découpe en teintes bleutées et orangées la silhouette de la crète arborée du Col de Grail. Grand luxe : la tente est sèche au réveil.

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Première entorse au tracé officiel du GR 10 : plutôt que de descendre au village du Goulier, on emprunte la variante du GR 10B pour se maintenir à une hauteur à peu près constante de 1500 m en passant par la station de Goulier Neige. En été à 8h du matin, ce sont les vaches qui occupent les lieux, ainsi que quelques taureaux tranquilles et un taurillon très légèrement hostile. On passe sans ralentir le pas pour ne pas le froisser. Plus loin, dans un étroit chemin forestier, il faudra attendre que le troupeau s'écarte (les vaches disposent d'un mode 4x4 visiblement) pour nous laisser poursuivre à travers la forêt de frênes et de pins et rejoindre le sentier en balcon des Coumasses Grandes.

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Ce sera la constante botanique du GR 10 ariégeois : la bruyère est omniprésente sur le parcours, d'un violet un peu terne en cette mi-Août. Avant d'atteindre le barrage de l'Étang d'Izourd (1645 m), on traverse des pentes qui en sont presque intégralement couvertes.

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Un moment de répit pour la pause déjeuner, les pieds dans l'eau. Le col que l'on devra atteindre plus tard est en vue, au fond du vallon.

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La montée de 800 mètres qui sépare l'Étang d'Izourd et les Étangs Fourcat est plutôt raide, un mur floral le long de torrents et de petites cascades, mais la récompense une fois le dernier repli franchi est de taille. Positionné en haut de la falaise qui sépare le Petit du Grand Étang Fourcat, le refuge du même nom (2445 m) domine fièrement ce mini cirque formé par le Pic de Malcaras (2865 m), le Pic de l'Étang Fourcat (2820 m) et le Pic de Tristagne (2878 m).

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La bruyère est arrivée là avant nous ! Petites douceurs après 4 jours de marche : une omelette, une boisson chaude et une vraie douche : finalement, on est encore capables d'apprécier une douche avec une eau plus chaude que celle à 10-12°C des petites rivières. On ne le savait pas encore, mais cet instant au chaud précèdera une longue nuit très froide. Sans parler du réveil !

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JOUR 5
25 km / 1600 m D+ / 2400 m D-
Étangs et Refuge Fourcat → Étangs du Picot → Barrage de Soulcem → Mounicou → Marc → Bois de l'Eychart sur l'ancien aqueduc → Étangs et Refuge de Bassiès

Le réveil à 6h est encore en vigueur en ce Mardi 18 Août 2020 (on se répète régulièrement les jours et les dates car on perd vite la notion du temps dans cet espace-temps parallèle), avant de passer à 5h30 le lendemain. Le lever du jour que l'on contemple du haut de la falaise est magnifique, avec une ligne orange à l'horizon, d'abord, puis avec des reflets roses sur les nuages bleus et crémeux. On se pèle le cul comme jamais, le muesli vole au vent, les rafales manquent d'emporter nos duvets, mais on est quand même très heureux.

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Après avoir repris en sens inverse un petit bout de la variante du GR 10A, on oblique au Nord-Ouest en empruntant une variante du GR T64 qui traverse un immense pierrier en contrebas du Pic de Malcaras. Le panorama offert depuis les crêtes sur les Étangs Fourcat et sur la vallée de l'Étang d'Izourd de la veille est vraiment renversant. On aimerait y rester plusieurs jours pour explorer les environs... Ce sera pour une prochaine fois.

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Les chaînes rocailleuses se superposent les unes aux autres à l'horizon, en se dégradant dans des teintes de gris bleuté. La dentelle de roche est partout, il faut soigner ses appuis et prêter une attention constante au sentier vaguement balisé : au petit matin, on se perd vite dans ces rochers. Un passage technique de bon matin, rien de mieux pour se réveiller.

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Au loin, perchée au-dessus de la brume matinale, on peut observer une ramification montagneuse qui émane de la Pique Rouge de Bassiès (2676 m), que l'on contournera dans l'après-midi à travers la Forêt Domaniale du Montcalm située entre Marc et Auzat.

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Une fois la dernière crête gravie, on est à 2645 mètres d'altitude. On peut voir le premier Étang du Picot en-dessous, le premier d'une série de 4, chacun étant séparé du précédent par un mur de plus en plus petit (en descendant). C'est incroyable et assez difficile à avouer, mais on commence à atteindre la satiété en matière d'étangs de haute montagne !

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Et là, soudainement, entre le premier et le deuxième Étang du Picot, un impressionnant troupeau d'une trentaine d'isards surgit du bas du vallon pour remonter et se réfugier dans les crêtes inaccessibles. On s'arrête, on se pose, et on prend tranquillement le temps de contempler le spectacle jusqu'à ce que le dernier caprin ait disparu tout en haut de la montagne.

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Fatalement, à force de descendre, on finit par se retrouver dans la brume que l'on pouvait observer depuis les sommets. C'est en arrivant autour du dernier petit étang à environ 2000 m, 650 mètres en-dessous de la dernière crête, que l'on se plonge dans une ambiance vaporeuse. On ne voit rien au début, mais le voile brumeux se dissipe progressivement et nous laisse profiter du paysage pour la fin de la descente en direction du Barrage de Soulcem (1582 m). Comme on a raté l'embranchement qui filait directement à Mounicou (probablement à cause de la brume, faut bien trouver une excuse !), on décide d'accepter, plein d'une contrition caractéristique du randonneur jusqu'au-boutiste, le covoiturage que nous propose une aimable randonneuse croisée près d'un des étangs supérieurs. Elle nous déposera à Marc ; en échange, on lui fait découvrir l'existence et les nombreux avantages des pompes filtrantes.

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De Marc (1000 m), on emprunte le chemin cimenté formé par l'ancien aqueduc qui se faufile à travers le Bois de l'Eychart, pour rejoindre la montée vers l'Étang d'Escalès, le premier étang du plateau de Bassiès, jouxtant un versant du Pic du Far (1925 m). On finit par arriver au Refuge de Bassiès (1650 m) après une petite heure de marche à travers les différents étangs. Sans trop épiloguer, on peut dire que ce refuge corrobore la théorie selon laquelle plus un refuge est accessible, moins il est sympa. Ce refuge est tellement accessible que les propriétaires font payer le spot de bivouac, une première (toutes randonnées de haute montagne confondues) : naturellement, on refuse et on marche quelques centaines de mètres supplémentaires pour aller s'installer près d'un cours d'eau alimentant l'Étang Majeur.

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On plante la tente près d'une tourbière bordée de linaigrettes (aussi appelée jonc à duvet ou lin des marais), singularité botanico-géologique caractéristique de la région. La toilette du soir mettra en lumière l'utilité d'un ustensile présent dans la trousse de toilette : le tire-tique.

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JOUR 6
20 km / 2000 m D+ / 2000 m D-
Étangs et Refuge de Bassiès → Col de Bassiès → Port de Saleix → Coumebière → Aulus-les-Bains → Cascades du Fouillet → Col d'Escots

Le rythme augmente d'un cran, ça y est. Désormais, le réveil sonne à 5h30 — avec tout de même un petit snooze de 6 minutes, faut pas exagérer. C'est aujourd'hui que l'on doit se ravitailler, en faisant un petit crochet par Aulus-les-Bains : cela va prendre un peu de temps, il faut donc se lever plus tôt pour maintenir un temps de marche régulier, entre 8 et 9 heures par jour. Mais cela ne doit pas se faire au détriment du plaisir : aussi on prend le temps d'observer, encore et encore, le lever du soleil. Pas de nuage ce matin. L'air est vivifiant sans être glacial, le ciel est cristallin.

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On s'élève assez vite au-dessus de la vallée en direction de Port de Bassiès (1935 m) puis de Port de Saleix (1794 m). La vue lors de la montée en lacets, comme souvent, est splendide. Une excellente source de motivation pour continuer jusqu'en haut où la vue sera encore plus belle. Entre les deux cols, on longe l'Étang d'Alate, bien abrité, qui reflète parfaitement herbes et rochers dans son eau matinale très calme.

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Juste avant de descendre au Port de Saleix, depuis le chemin niché sous le Mont Garias (2006 m), on aperçoit face à nous le Pic de Girantès ou du Mont Ceint (2088 m), avec à droite la vallée qui redescent vers Auzat et à gauche celle qui nous emmènera à Aulus. Plus loin sur la droite, à 10 kilomètres d'ici, on peut distinguer le Pic des Trois Seigneurs (2199 m). Pour la première fois depuis le début du trek, on aperçoit au loin (très loin) la crête très singulière du Mont Valier qui esquisse la ligne d'horizon.

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La descente s'amorce dans une longue série de grands lacets, en direction de Coumebière, avec une hausse notable de la fréquentation des sentiers en raison d'un parking un peu plus bas. On arrivera assez vite à Aulus (750 m) un peu avant midi pour se ravitailler en conséquence : les sacs reprennent chacun 2 à 3 kilos. Histoire de mettre du baume au cœur, on s'autorise un repas en bonne et due forme au restaurant. On dirait un repas de fête alors qu'il ne s'agit que d'un petit bout de viande, de frites et de crudités... Tout ce qu'on ne peut pas manger lorsqu'on bivouaque, en résumé. D'ailleurs, je rêve de plus en plus de salade et de tomate, c'est terrible.

Une fois rassasiés et les ventres alourdis comme les sacs, il s'ensuivra une longue montée à travers des pistes de trail pour rejoindre le GR 10 officiel et poursuivre en remontant les belles cascades du Fouillet. On traverse le ruisseau du même nom près de sa source, au niveau d'un petit plateau à 1500 mètres d'altitude (on en profite pour réaliser le lavage et la lessive quotidiens ainsi que pour filtrer un peu d'eau pour la fin de journée), pour monter en direction du Col d'Escots (1623 m).

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Le Col d'Escots est au milieu de la station de Guzet Neige, entre la face principale et le domaine du Freychet. On pensait être tranquilles à côté du chalet de Beauregard... sauf qu'il s'agit d'une auberge d'altitude ouverte en ce mois d'Août ! Une voiture arrive sur les coups de 18h30 et gentiment, on nous demande de déplacer notre tente (qu'on venait de finir de dresser, timing parfait) un peu plus loin sur le col. Et pour cause : on avait planté la tenté exactement à l'endroit où sera installé un immense barbecue, pièce centrale de la soirée "côte de bœuf pour 50" ! Véridique. Entre le vent qui souffle très fort au nouvel emplacement, la salivation lorsqu'on nous prononce les mots "côte de bœuf", et la promesse d'un début de soirée bruyante, la confusion règne.

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On prend le temps de regarder le soleil se coucher. À l'Ouest, c'est la crête du Mont Valier qui se dessine petit à petit dans le noir. À l'Est, c'est le Port de Saleix où l'on était au petit matin qui réceptionne les derniers rayons de soleil rougeoyants. Toutes les teintes dorées, rouges, rosées et bleutées se succèdent.

Au final, couchés comme d'habitude entre 20h et 21h, le vent nous aura laissés tranquilles pour la nuit. Pas de vent, pas de pluie, c'est un col trois étoiles ! Les derniers clients quittent le restaurant vers 23h, quelques uns s'attardent dans les environs pour discuter cosmologie ou finance, mais rien de dramatique. Seulement 1 ou 2 heures de sommeil en moins, c'est moins pire que ce qu'on pensait. Mais personne n'est venu nous réveiller pour nous proposer une petite côte de bœuf avec salade et tomate.

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JOUR 7
30 km / 2600 m D+ / 2700 m D-
Col d'Escots → Col de Fitté → Saint-Lizier-d'Ustou → Bois de Gausiague → Col de la Serre du Cot → Rouzé → Couflens → Col de Pause → Pic de Lacrabère → Cabane d'Aula

Pour une nuit sur un col à plus de 1600 mètres d'altitude, on peut s'estimer chanceux. Peu de vent, et pas si froid. On se lève à 5h30, la nouvelle norme, pour avoir le temps de regarder les étoiles et le lever de soleil. À cette altitude, sans aucune source de pollution luimneuse, la nuit étoilée est éblouissante. Au loin à l'Est, les sommets du jour précédent forment de drôles de pyramides sur un fond rose saumon. De l'autre côté, en direction de l'Ouest, les sommets s'illuminent peu à peu.

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Du Col d'Escots, on descend tranquillement vers le Col de Fitté (1380 m) et on aperçoit le village perché de Guzet avant d'entamer la descente vers Saint-Lizier-d'Ustou à travers la forêt. On y arrive un peu trop tôt : le rêve d'un café-croissant s'évanouit lorsqu'on atteint la devanture de l'unique café du village, fermé à 9h. Tant pis, la pause se fera dans un champ au milieu des bottes de foin.

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L'ascension depuis Saint-Lizier-d'Ustou (750 m) à travers le Bois de Gausiague sera longue et éprouvante, pour atteindre le Col de la Serre du Cot (1546 m). La chaleur y est écrasante mais on décide de se restaurer depuis ce magnifique point de vue sur le Mont Valier, qui mine de rien se rapproche doucement. Après une courte sieste à l'ombre des arbres plus bas, on redescend en direction de Rouzé (avec son gîte / refuge qui avait l'air très accueillant) puis Couflens. On y croise des chèvres bien curieuses et des ânes qui n'en finissent pas de se rouler par terre (sans pour autant se tordre de rire).

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À Couflens, après une petite pause hydratation et raccommodage de chaussures, on décide de faire du stop plutôt que de marcher entre 5 et 10 kilomètres sur du goudron. Très vite, on fait la connaissance d'Édouard qui justement monte au Col de Pause (1525 m) pour aller dessiner les paysages pendant 2 jours. On marche et discute ensemble l'espace d'un petit moment très sympathique, jusqu'à la Cabane d'Arreau (1696 m) où nos chemins se séparent : plutôt que de passer par l'Étang d'Arreau, on décide de suivre un sentier très peu fréquenté qui passe par le Pic de Lacrabère (1882 m). La vue au niveau du col et du pic est vertigineuse, et le vent souffle en rafales très puissantes sur les crêtes : on travaille équilibre, proprioception et pliométrie.

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En redescendant, on admire la vue sur le Mont du Petit Valier (2736 m) et le Mont Valier (2838 m) qui se sont incontestablement rapprochés depuis la veille et même depuis ce midi : l'objectif du lendemain matin, en passant par la face Est (à la différence du parcours classique depuis la Maison du Valier, comme décrit dans cette randonnée sur deux jours), s'annonce ardu...

On arrive à la cabane d'Aula (1550 m) dans une charmante petite vallée entourée de sommets rocheux, au fond de laquelle coule une belle rivière et où pâturent paisiblement de magnifiques chevaux aux crêtes blondes, très peu farouches. On discute avec les randonneurs de passage qui dormiront dans la cabane ce soir, on débat autour de l'identification d'une plante aromatique (thym pour certains, serpolet ou marjolaine pour les autres), on blague sur les histoires d'intoxication à la datura ou à la ciguë, et une des personnes se propose de se joindre à nous pour l'ascension du Petit Valier demain matin. Rendez-vous fixé demain à 7h30 devant la cabane.

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Un petit coin de paradis pour planter la tente, avec douche, cuisine et lavabo tout proches (eau à 10°C). La nuit sera toute autre : des rafales de vent tout droit venues de l'espace secoueront la tente toute la nuit, jusqu'à 4 heures du matin. Phénomène assez "drôle", il y avait un décalage de 5-10 secondes entre le moment où on entendait les rafales se fracasser contre les sommets et le moment où elles atteignaient notre tente : on pouvait se préparer à chaque nouvel assaut. On s'attendait à ce que la toile se déchire ou à ce que les sardines s'envolent... Mais elle a tenu bon, ouf. Ensuite, de 4 heures jusqu'au réveil une heure plus tard, les chevaux ont pris le relais pour nous maintenir éveillés en venant brouter l'herbe près de la tente. On aurait dit des éléphants, d'après le bruit de leurs sabots, avec en prime une cloche au cou. J'ai envie de manger un steak de cheval — tout en ayant conscience que c'est bien nous les envahisseurs et non l'inverse.

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JOUR 8
15 km / 2000 m D+ / 1500 m D-
Cabane d'Aula → Col de Peyre Blanc → Mont du Petit Valier → Col de Faustin → Mont Valier → Refuge des Estagnous → Étang Rond → Étang Long → Port de Barlonguère → Cabane de Trinqué

Une fois sortis de la tente, au petit matin, les chevaux redeviennent mignons. On se lance donc dans l'ascension très difficile du Col de Peyre Blanc (2627 m) à travers des pentes raides et très peu marquées ou balisées : l'attention de tous les instants est de rigueur pour ne pas s'égarer dans les hautes herbes puis dans les pierriers. Grosse suée matinale à travers les fragrances de marjolaine ou de serpolet. Les crêtes commencent à se dessiner sur les versants opposés.

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Avant d'attaquer la dernière partie de l'ascension dans des pierriers puis des éboulis, on aperçoit pour la seule et unique fois du trek un couple de marmottes. Notre compagnon temporaire de randonnée décide de rebrousser chemin devant la difficulté. Armés de nos bâtons qui n'auront jamais été aussi utiles pour monter dans cette pente de gravier au milieu des névés, aidés par les marques rouges du balisage qui nous permettent d'identifier les pierres sur lesquelles on peut prendre appui, on parvient à se hisser au col puis au Mont du Petit Valier (aussi appelé L'Échine d'Âne). Le plus dur est derrière nous.

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Sans surprise (si j'ose dire), le panorama a 360° est à couper le souffle. On voit le parcours de la matinée ainsi que celui des jours précédents, avec le Col de la Serre du Cot, le Col de Pause, et même le Port de Saleix. On aurait envie d'y séjourner une semaine, de s'adonner à la méditation, de faire les cigales au soleil, mais les fourmis nous font comprendre qu'on abuse un peu au niveau de la durée de notre pause.

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On poursuit sur ce sentier de crête jusqu'à l'acrhi-célèbre Mont Valier après être passés par les mains courantes menant au Col de Faustin. Nouvelles vues imprenables sur toute la région de Seix au Nord, sur la frontière espagnole au Sud, et bien sûr sur la suite de notre périple.

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Petite pause gastronomique en passant au refuge des Estagnous (2246 m), avant de longer plus bas l'Étang Rond (1929 m) avec son cadre toujours aussi idyllique et de remonter au tout autant délicieux Étang Long (2125 m).

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On continue au fond du vallon en remontant jusqu'au Port de Barlonguère (2403 m), à travers la rocaille et un impressionnant troupeau de brebis comptant 2000 bêtes éparpillées un peu partout. Tout en haut, juste en-dessous du col, le berger veille — tout comme les 6 border collie qui attendent sagement et les 6 patous cachés au milieu du troupeau.

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Arrivés au col, on découvre encore une nouvelle vallée, au fond de laquelle la brume monte lentement. On redescend le long du ruisseau de Barlonguère à travers cette brume changeante, pour trouver refuge dans la Cabane de Trinqué (2005 m). 10 m² un peu spartiates mais bienvenus. On décide d'en profiter pour dormir au sec cette nuit. Le ruisseau 100 mètres plus bas nous permettra de nous recharger en eau.

Ce qu'on ne savait pas encore, c'est que c'était la dernière nuit de notre randonnée.

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JOUR 9 (½ journée)
10 km / 700 m D+ / 1700 m D-
Cabane de Trinqué → Passage de l'Esque → Col de Part → Cabane du Trapech → Cabane de l'Artigue → Maison du Valier

Eh oui, notre randonnée s'est terminée de manière un peu précipitée pour plusieurs raisons. Au petit matin, après avoir marché quelques heures dans la brume sur un sentier bordé d'herbes hautes et humides, on s'est retrouvés trempé de la tête (les hanches en réalité) aux pieds, avec environ 1 litre d'eau disponible dans chaque chaussure. Les prévisions météorologiques annoncées par notre miss météo pour les prochains jours, aussi, garantissaient une absence de panoramas dégagés jusqu'à la fin de la randonnée. Autant de raisons qui nous ont poussés, dans un sursaut de lucidité difficile, à retourner à la Maison du Valier après avoir retrouvé le tracé du GR 10 près du Tuc du Coucou. Et après s'être égarés, il faut le dire, sur des crêtes embrumées hors sentier — l'occasion de sortir la boussole pour retrouver notre chemin.

Un peu penauds, attablés sous une bruine fine, on a du mal à se rendre à l'évidence : notre trek s'arrête là, à 40 kilomètres (à vol d'oiseau) de l'objectif original. Mais rien qui ne puisse effacer ou même atténuer les rencontres, les expériences, et les images des paysages qui ont défilé devant nos yeux pendant 9 jours.

THE END.

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Bonus : Départ de randonnée à la gare de Mérens, avant - après, avec 9 ans d'écart.
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