Le charme suranné inhérent à presque n'importe quel film de science-fiction des années 1930 se trouve décuplé dans La Vie future, d'une part, par les ambitions immenses de cette adaptation du roman de H.G. Wells, The Shape of Things to Come (1933, ce dernier ayant un rôle non-négligeable dans la direction artistique du film via le producteur Alexander Korda), et d'autre part dans la version colorisée que j'ai vue, avec ses couleurs délavées qui appuient encore un peu plus sur le très grand âge de la mise en scène.
Le récit d'anticipation de Wells semble, sur le papier, incroyablement visionnaire : au début des années 1930, il décrit le déclenchement d'une guerre mondiale en 1940, la dévastation de villes entières par raids aériens, le surgissement d'une maladie omniprésente, l'avènement d'une société obsédée par la technologie sous couvert de progrès scientifique, et le mirage d'une paix totale. Il passe pour cela par une série d'états intermédiaires plus fondamentalement fictionnels, une guerre internationale qui durera 30 ans, un retour à une civilisation moyenâgeuse, une sorte de peste zombifiante assez peu détaillée, le règne de petits monarques nonchalants, la création d'un état bienveillant administré par des scientifiques et des ingénieurs... Cette fresque qui s'étend de 1940 à 2036 brille par son ampleur, malgré la vétusté de sa mise en scène (William Cameron Menzies termine le film en 1936), et pourrait ressembler sous certains aspects à une version moins fascinante de Metropolis (1926) — pour relativiser son avant-gardisme.
Les thématiques brassées par Things to Come sont sans doute un peu trop variées pour un film de 1h40 qui enchaîne les problématiques à un rythme effréné, une guerre mondiale s'éternisant dont le sens et les origines se sont perdus au fil des décennies, la ré-émergence de la civilisation au sein d'un continent dévasté par des gaz mortels, l'aspiration au voyage spatial... Le personnage de John Cabal (Raymond Massey) qui tient le rôle de semi-protagoniste peine à souligner un fil rouge tout au long de la narration, et sa réapparition tardive pour briser le règne d'une dictature peine un peu à imposer son questionnement sur la possibilité d'une utopie — le personnage de Theotocopulos, servant de faire-valoir à l'opposition entre technologie et art, illustre assez bien le côté quelque peu rigide des réflexions. Mais la curiosité d'une telle pellicule en provenance des années 30 britanniques se maintient solidement.
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