lundi 18 mars 2024

Mes frères et moi, de Yohan Manca (2022)

mes_freres_et_moi.jpg, mars 2024
La grande débrouille

Mes frères et moi est de ces films dont personnellement je n'attendais pas grand-chose — voire rien du tout — et qui se trouvent être des petits films sans ambitions démesurées mais qui in fine valent vraiment le détour. Ici, la bonne surprise tient au fait que Yohan Manca déplie le narratif avec une fluidité très agréable, tout en maniant judicieusement les archétypes d'un genre (ici un récit d'apprentissage qui survient dans un quartier populaire en bord de Méditerranée) et une direction d'acteur très appropriée. En l'occurrence, l'histoire de Nour, un gamin de 14 ans débrouillard mais un peu pris au piège de ses maillons familiaux avec trois grands-frères qui prennent beaucoup de place et des parents absents, un père déserteur et une mère en soins palliatifs.

Le côté très compartimenté de la fratrie peut faire peur au début : ils sont quatre et chacun a son petit descriptif bien déterminé pour créer un personnage qui se différencie des autres. Nour passe l'été à devoir effectuer des travaux d'intérêt général (on ne saura pas pourquoi et c'est très bien), Hédi incarne l'ado rageur et violent, Mo le jeune adulte et gros dragueur (dans l'arrière-plan traîne la question de la prostitution pour gagner de l'argent), et Abel représente l'aîné très autoritaire et patriarche de substitution. Ils se foutent souvent sur la gueule mais ils restent particulièrement soudés près de leur mère plongée dans un coma qui dure depuis longtemps et dont la santé décline rapidement depuis peu. Les 4 acteurs, Maël Rouin Berrandou, Moncef Farfar, Sofian Khammes et Dali Benssalah respectivement, imposent parfaitement leurs personnages et forcent le respect.

La péripétie principale tient à la découverte d'un penchant artistique chez Nour, quand il passe la tête dans un cours estival de chant lyrique là où il était censé repeindre un couloir dans son collège, et où l'on découvre une sorte de talent caché. La figure peut paraître un peu trop stéréotypée énoncée de la sorte mais son interaction avec la chanteuse-prof interprétée très justement par Judith Chemla lève toutes les appréhensions. On est clairement dans le pré carré des horizons qui s'ouvrent au sein d'une toile de fond baignant dans les problèmes familiaux, mais le film se garde bien de recourir au moindre misérabilisme. Il dépeint un microcosme de la débrouille, avec ce fameux climat de l'été et des grandes vacances de l'enfance, et cette évasion sous l'angle culturel (à grand renfort de son air d’opéra préféré, "Una furtiva lagrima", de Gaetano Donizetti, produisant un effet assez particulier dans ce contexte) brille par sa chaleur, son humour et sa tendresse qui coupent l'herbe sous le pied de tous les clichés.

img1.jpg, mars 2024 img2.jpg, mars 2024 img3.jpg, mars 2024 img4.jpg, mars 2024

jeudi 14 mars 2024

Matrix, de Lauren Groff (2023)

J'ai nom Marie, et je suis de France. Ce serait la plus ancienne signature d'une femme écrivaine trouvée dans la littérature française. On attribue à Marie de France la maternité de trois œuvres constituées de courts récits en vers : des lais, des poèmes et des fables. Lauren Groff s’empare de  […]

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mardi 12 mars 2024

Hitokiri, le châtiment (人斬り, Hitokiri), de Hideo Gosha (1969)

hitokiri_le_chatiment.jpg, févr. 2024

Servitude aveugle d'un ronin bourrin Hitokiri est une grosse gourmandise offerte par Hideo Gosha dans le registre du chanbara iconoclaste, pas nécessairement de la trempe des Trois Samouraïs hors-la-loi ou Le Sabre de la bête pour rester dans le même sillon thématique, mais doté de très solides  […]

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lundi 11 mars 2024

Le Héros (Nayak), de Satyajit Ray (1966)

heros_B.jpg, mars 2024

Conte moral sur l'empathie Hasard des visionnages, cela faisait déjà quelques films chez Satyajit Ray que le symbole du train s'était fait particulièrement tenace, notamment dans la trilogie d'Apu pour les films vus le plus récemment. Et voilà que Le Héros (Nayak) y consacre la quasi-intégralité de  […]

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jeudi 07 mars 2024

Two Headed Demon, de Urban Junior (2010)

two_headed_demon.jpg, févr. 2024

Du Voodoo Rhythm pur jus, c'est-à-dire un one-man band suisse légèrement énervé qui essaie de produire quelque chose d'un peu nouveau dans le registre du Garage Punk. C'est très minimaliste, un peu répétitif, mais fidèle à l'esprit du label, avec beaucoup de do it yourself dans les instruments et  […]

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mardi 05 mars 2024

No Direction Home: Bob Dylan, de Martin Scorsese (2005)

no_direction_home_bob_dylan.jpg, févr. 2024

"Hey man... I don't mind being shot, I just don't dig being told about it." La plus-value est rare je trouve au sein des documentaires consacrés à des grandes figures connues de l'histoire musicale, ces derniers se transformant souvent en panégyriques consensuels ne faisant pas mieux  […]

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jeudi 29 février 2024

Djihadistes de père en fils (Kinder des Kalifats, Of Fathers and Sons), de Talal Derki (2017)

djihadistes_de_pere_en_fils.jpg, févr. 2024

Petite chronique familiale du salafisme djihadiste Toutes les cases du documentaire d'exception sont cochées : sujet en or, immersion absolue, travail de préparation conséquent, suivi au très long cours, peu de commentaires externes, et surtout, probablement le plus important sur des thématiques  […]

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mercredi 28 février 2024

Pamir (Pamir, krisha mira / Roof of the world), de Vladimir Erofeyev (1928)

pamir.jpg, févr. 2024

Exploration précoce au Tadjikistan De vieilles bobines abîmées par le temps agrémentées d'une piste sonore dissonante et anachronique qui vaut le détour pour la rareté du matériau autant que pour le sujet : une expédition russe et allemande montée pour aller explorer le massif alors inexploré du  […]

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